Le marché et ses ennemis de l'intérieur
Message d’ARES (jolie plage de Galice)
Quand BEING HAPPY ! est au mouillage ou au port, je suis tenté d’utiliser ces loisirs à réfléchir sur mon sujet professionnel favori : les marchés.
Les crises récentes ont démontré que les marchés financiers ne fonctionnaient pas bien, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourquoi ? Les causes sont nombreuses et ce sera le sujet de la rubrique financière annoncée de mon blog de les aborder les unes après les autres. Le titre général sera :
LE MARCHE ET SES ENNEMIS DE L’INTERIEUR
Qu’est-ce qu’un vrai marché ?
Rien de plus simple que le fonctionnement d’un marché. Le plus vieux marché du monde, la Place du village, la corbeille de la Bourse du Palais Brongniart ou le dernier ordinateur d’Euronext remplissent tous les mêmes fonctions essentielles : d’une part faire rencontrer les acheteurs et les vendeurs d’un produit pour leur permettre de faire entre eux des transactions; d’autre part déterminer un prix satisfaisant pour les uns et les autres grâce à l’information dont ils peuvent disposer. Ces fonctions sont essentielles pour les clients du marché et inversement : le marché n’a de raisons d’exister que pour ses clients.
Certes, des marchés modernes mettent en œuvre des techniques sophistiquées pour effectuer les transactions. Ils font aussi intervenir divers intermédiaires, ils exigent l’opinion d’agences de notation sur les produits, ils sont soumis à des régulations coûteuses et contraignantes. Tout cela est généralement utile, mais les charges que représentent ces interventions n’ont de sens économique que si le client final y trouve son compte. Le marché n’est pas fait pour le régulateur, ou pour l’agence de notation ou pour les courtiers : tous doivent justifier leur présence et leurs coûts.
Si, comme autrefois à Paris, l’organisateur du marché boursier est un service public, il doit concentrer ses efforts sur l’objectif de s’assurer que le plus grand nombre de clients a le meilleur accès au marché, que les informations sur les produits, sur les transactions et sur les prix sont bien disponibles pour tous et que la réglementation est bien respectée.
De nos jours, du fait de la déréglementation généralisée des activités financières, les marchés organisés, les bourses, sont des entreprises privées en concurrence entre elles à l’échelle mondiale. Pour augmenter leurs profits, objectif essentiel pour leurs actionnaires, ces entreprises ont intérêt à multiplier les produits, les transactions et les intervenants. Le marché organisé change alors profondément de nature.
La même déréglementation a permis aussi aux intermédiaires financiers du monde entier de faire librement des transactions, entre eux et avec leurs clients, en dehors des bourses et des marchés organisés, et en concurrence avec ceux-ci. Cette rencontre d’offres et de demandes d’instruments financiers et les opérations qui en résultent sont qualifiés de marchés de gré à gré, en anglais Over The Counter, OTC .
Marchés de gré à gré et marchés organisés sont donc autant de possibilités offertes aux clients qui opèrent sur des instruments financiers. L’abondance des moyens d’opérer, la multiplicité des produits, la concurrence entre marchés et entre intermédiaires, l’accès libre de tous aux marchés sont en principe autant de conditions bienvenues pour satisfaire tous les clients. C’était la logique de la déréglementation destinée à établir une économie de marchés.
L’objectif était louable, la réalisation apparemment contestable. Si les marchés ne fonctionnent pas correctement, c’est le fait de l’action de ce que nous allons appeler « les ennemis de l’intérieur ». Nous les verrons tous.
Le premier que nous étudierons bientôt sera « le spéculateur »
A bord de BEING HAPPY !
Arès, au mouillage, le 28 août 2011