BEING HAPPY aux Iles Fortunees
BEING HAPPY ! à Madère.
Cascais-Madère, 500 nautiques, près de mille kilomètres ; l’équivalent de Paris-Nice, une heure et quart d’avion. Si peu de temps dans un pays raccourci. Mais la mer est un autre espace-temps où chaque minute, chaque heure, chaque jour a sa dimension propre, une durée qui s’allonge avec l’état de la mer et la profondeur de la nuit.
Relativité du temps, relativité de la performance aussi. Quitter le Portugal pour rejoindre Porto Santo, première ile de Madère au milieu de l’Atlantique nous donne le sentiment d’un haut fait de marin. Le franchissement d’un immense Rubicon aux frontières de notre vie confortable et bordée de principes de précaution. Un Everest pour nous, mais en réalité une promenade pour Ellen Mac Arthur et quelques milliers de vrais marins de plaisance.
Pourtant, trois jours, trois nuits sans rien voir qu’une mer vide de nos objets familiers et pleine d’elle-même est une expérience si nouvelle, si étrange, si personnelle.
L’émotion de la vie qui vient des profondeurs. Cette dorade coryphène jaune d’or et bleue, si jolie, si vivante, si brillante dans le soleil qu’on regrette de la voir monter à bord pour sauter dans la poêle. Ou cette bonite, petit thon d’argent rayé de reflets bleus de mer.
La mer et ses vagues si bien nommées dans leur perpétuel changement de forme. Une agitation désordonnée, des pulsions liquides, des surgissements soudains, crêtés de blanc bouillonnant, qui montent et disparaissent. Une houle née on ne sait où, qui avance imposante en prenant une hauteur qui veut vous impressionner mais qui disparait sous le voilier comme si elle n’avait jamais existé, pour renaître aussitôt dans l’horizon subitement mouvant.
La mer, la nuit. Inexistante mais moteur des mouvements irresponsables du voilier qui avance dans le néant. Cette plongée dans l’impalpable peuplé de l’angoisse du vide qu’on ressent menaçant d’impondérable, d’un mur inattendu qui surgirait subitement devant l’étrave.
La mer calmée dans la nuit. Lisse sous le quartier de lune, caressante, soyeuse, affectueuse, qui berce le voilier comme la mère pour son enfant.
La mer, si justement de sexe féminin.
Au troisième lever du soleil, BEING HAPPY ! arrive devant Porto Santo. Nous dédaignons la marina et mouillons l’ancre dans l’enceinte des jetées du port. L’étape est terminée, après celle du Golfe de Gascogne et celle de la Galice et des alizés portugais. 577 nautiques à 7,5 nœuds de moyenne. Une journée à l’ancre pour enregistrer en toute sécurité dans nos souvenirs les moments forts de la traversée et revoir ce spi gonflé qui nous tirait vers le Sud.
Le lendemain, trente milles plus loin, un saut de puce, nous arrivons à Marina Quinta do Lorde, lieu de rassemblement du Rallye. Douze bateaux sont déjà arrivés, restent six autres à venir. Yves nous quitte, Guy va bientôt arriver. Jean-Louis, Francis et moi allons faire la découverte de Madère. Aujourd’hui, Golf.
A bord de BEING HAPPY !
Madère, le 8 septembre 2011
le Parasailor la seule palge de Madère la carte du voyage