Messe dans le Sine Saloum
Messe dans une église du Sine Saloum
L`église, moderne, ronde comme une tente avec un pilier central, est pleine. Les enfants sont au premier rang face a l`autel, habillés du dimanche, sages. Les femmes, très nombreuses, brillante exposition de robes multicolores. Jolies adolescentes, jeunes filles éclatantes de jeunesse, jambes longues et fines, hanches un peu fortes, habillees et coiffees a la derniere mode, certaines de leur beaute, fieres de leur elegance de manequin. Et femmes plus mures, au visage souvent marqué par la dureté des temps. Les hommes, peu presents.
Et voici qu`explose le chant d`un chœur d`une cinquantaine de participants, introduit par deux tam-tams et une guitare. Les voix envahissent l`espace sonore sans modulation ni progression. Celles des sopranes vous frappent par leur densité, leur niveau, leur vigueur, leur justesse et leur ensemble parfait. La mélodie se développe sur trois voix, deux voix d`hommes ténors et basses venant soutenir en mineur celle des femmes. Les chants sont clairement religieux ; la musique n`évoque en rien le Gospel et les spirituals ou les couplets plaintifs de nos chorales. C`est leur musique.
A l`offertoire, le chant s`élève en notes plus aigues, les voix se durcissent, le chœur semble lancer vers le ciel des reproches amers, agressifs ; les voix s`enflent, saturant tout l`espace. Que disent-elles avec cette ardeur digne mais désespérée ? Sans doute, quelles que soient les paroles du chant, elles expriment a travers la musique un message venu du fond des âges que je suis tenté d`écrire ainsi :
Seigneur, Tu nous as faits naitre dans la misère sur cette terre rouge et inculte, brulante comme un enfer.
Seigneur, tu nous as créés noirs, différents de nos frères,
Seigneur, c`est toi le Dieu, mais que fais-Tu pour nous aujourd`hui ?
Leur chant m`est allé ainsi droit au cœur et les larmes me sont montées aux yeux.
BEING HAPPY ! a DAKAR Le 18 novembre