24 septembre 2011
Message de La Corogne
ces façades en damier..plus de vacanciers
Maria...
quatrième thon...( une bonite) et une plage déserte...sauf le maitre nageur
BEING HAPPY ! à La Corogne
Il ne fait pas beau à La Corogne. Une pluie bretonne, un crachin brestois sous un ciel chargé de nuages lourds et sombres. Nous sommes arrivés ce matin, poussés depuis La Rochelle par une mer et un vent de Nord Est, une visibilité faible , juste assez pour identifier la tour monumentale du port de La Corogne. Connaissant les lieux, nous avons évité les deux marinas d’entrée du port où les plaisanciers épuisés et fiers de leurs traversées mettent un terme à leur aventure dans cette étape obligée de la sortie du Golfe de Gascogne. Nous allons jusqu’au Real Club Nautico, réservé aux initiés au cœur de la ville.
Brouillée par les embruns, l’architecture incroyable des immeubles de La Corogne constitue le décor original et tristounet de ce port dont l’origine remonte à César quand l’illustre Romain fut le premier à traverser le Golfe de Gascogne. Rien ne subsiste du noble Consul, sauf la Tour d’Hercule à la pointe de la côte, premier phare de l’Humanité avec celui d’ Alexandrie. Le port est en effet entouré d’immeubles dont les façades sont constituées d’une mosaïque de petites fenêtres bordées de montants peints en blanc. L’ensemble donne l’impression d’un immense damier de carrés de dimensions variables d’un immeuble à l’autre. Du jamais vu ailleurs.
48H de mer depuis La Rochelle. Un temps très long, surtout pendant les quarts de nuit. Peu de vent le premier jour, un vent portant presque inutile. Ron ron du moteur, trois lignes à l’eau pour le thon. La routine.
Premier quart, fin du jour, 9-12 ; le vent se lève jusqu’à quinze nœuds, plein vent arrière, toujours inutile. Une nuit totalement noire, le bateau marche à huit nœuds dans un espace invisible. Les yeux ne quittent pas l’image radar. Pas ou peu de rencontres. Deux jours plus tard, tous ces souvenirs de quarts de nuit se confondent, immergés dans les ténèbres, égalisés dans l’absence d’événements, réunis dans la sensation de froid, d’humidité, du bruit du sillage dans la mer agitée.
De jour, au milieu du Golfe, les moulinets s’emballent. Il y aura six touches dans l’heure. Deux bonites monteront à bord, deux thons viendront saluer notre arrière, deux autres n’auraont pas la courtoisie de continuer de frétiller sur la ligne. L’honneur est sauf et les deux thons sont remontés sur ma canne.
Après le repos mérité, on marche dans La Corogne. Les plages sont désertes, l’été a disparu. L’immense Playa de Riazor qui était noire de monde à mon dernier passage, un autre mois d’août mais à son début, n’expose qu’un seul personnage emmitouflé, le maître nageur seul sur son perchoir. Des Galiciens en week end envahissent la chaussée empierrée qui monte vers la Tour d’Hercule comme les Pékinois sur la muraille de Chine le dimanche.
La Corogne, ce nom qui fait rêver quand on regarde la carte de l’Atlantique en traçant les routes de croisière. Ce Golfe et son mythique point d’arrivée, ce premier pas qui coûte et qui fait peur. Nous y sommes. On l’a fait.
Et nous n’y sommes plus. Le soleil nous a emmenés avec lui. Nous avons laissé Maria à la Capitainerie. Elle est blonde, elle est Russe, elle est belle, elle a de longues jambes : je le sais car elle a du chercher quelque chose au haut d’un meuble, je ne sais quoi, car mes yeux se sont arrêtés avant.
A bord de BEING HAPPY,
LA COROGNE, le 24 août 11
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